3 Mars 2020
L'acceptation de soi, de son corps tel qu'il est, voilà l'enjeu. Car, après tout, nous sommes constamment assaillis d'image de femmes dont la silhouette est considérée comme "idéale". Dans les films, dans les publicités, dans les magazines, etc... nous voyons ces femmes minces qui nous vendent une image de bonheur et de confiance en soi. Mais faut-il nécessairement avoir une silhouette svelte pour être heureuse et mener une vie épanouie?
Plus de deux ans après avoir publié le premier article de cette série, que vous pouvez retrouver ici, je reviens vers vous aujourd'hui pour vous présenter trois autres femmes qui ne rentrent pas dans le moule d'une société formatée, mais qui ont cassé les codes et qui montrent au monde entier que oui, on peut être considérée comme "grosse" et croquer la vie à pleines dents!
1. Megan Jayne CRABBE, la blogueuse anglaise militante.
Ancienne anorexique, voici ce que déclarait Megan CRABBE au Daily Mail il y a quelques années:
"Lorsque j'étais adolescente, j'avais l'habitude de croire que ma vie s'arrêterait si je gagnais deux ou trois kilos. J'avais l'habitude de croire que de perdre du poids était la chose la plus importante au monde. J'avais l'habitude de croire qu'on ne pouvait pas aller trop loin dans la perte de poids, qu'on ne pouvait pas devenir trop mince. C'est à ce moment-là que j'ai failli perdre la vie. Il n'y avait plus que deux options: reprendre du poids, ou mourir."
A partir de là, la jeune femme qui est aujourd'hui presque trentenaire, a enchaîné des prises et des pertes de poids spectaculaires, oscillant entre boulimie et régimes drastiques. Mais toujours avec une constante: la haine de son propre corps. Elle ajoute:
"J'ai gagné et perdu des centaines de kilos au fil des années. Je m'étais difficilement écartée du bord du précipice (la mort), mais j'avais toujours cette obsession latente en moi, de me dire que le bonheur ne se trouvait que dans des chiffres décroissants sur un pèse-personne dans une salle de bains. Jusqu'au jour où j'ai finalement réalisé que la perte de poids ne m'avait jamais rendue heureuse."
Je suis en train de lire le livre de Megan Jayne CRABBE, et c'est juste tellement inspirant, enrichissant et instructif. On y découvre son histoire personnelle que je résume rapidement dans cet article, mais elle parle également de l'industrie des régimes alimentaires et des pilules minceur... Si vous avez des problèmes d'estime de vous-mêmes à cause de votre poids et que vous comprenez un peu l'anglais, alors je vous recommande vivement la lecture de ce livre!
Ce déclic est venu un jour, alors qu'elle surfait sur internet pour trouver de l'inspiration fitness. Au lieu de cela, elle est tombée sur la photo d'une femme obèse en bikini en train d'éclater de rire. Rayonnante. Elle caressait et montrait avec fierté des parties de son corps que Megan avait passé sa vie à détester: bourrelets, cellulite et peau flasque des dessous de bras.
"Et une brèche s'est alors ouverte dans les fondements même de ce que j'avais pensé au sujet de mon corps jusqu'alors. Tout simplement parce que je voyais une femme qui affirmait qu'il est possible d'aimer le corps qu'on a et exactement comme il est. Cela m'a littéralement retournée!"
Inspirée par ce qu'elle venait de voir, Megan s'est rapidement mise à la recherche de telles femmes sur les réseaux sociaux et est rapidement devenue amie avec certaines d'entre elles... Le long processus consistant à apprendre à accepter et aimer son corps tel qu'il était avait enfin commencé.
J'aime beaucoup la photo ci-dessus, qui n'est autre qu'un avant/après. Habituellement, ce genre de montage montre une première image ("avant") du corps rond avant le régime et/ou la pratique intensive de sport. La deuxième photo ("après") montre le corps aminici et/ou musclé. Là, Megan inverse complètement les choses et montre une silhouette svelte et même athlétique en photo d'avant, puis une image d'elle aujourd'hui, avec ses rondeurs et sa cellulite. Elle précise que sur la photo de gauche, elle passait trois heures par jour à faire du sport. Comme elle savait que son corps avait une fâcheuse tendance à prendre du poids, elle se tuait quotidiennement à l'effort en salle de sport, ce qui ne la rendait pas plus heureuse. Depuis, elle laisse son corps être comme il devrait être et rayonne.
Après cela, tout s'est très rapidement enchaîné pour elle: elle a créé son blog en 2015, qu'elle a appelé Bodyposipanda et dont le but était d'aider toutes les personnes souffrant de l'image de leur corps. Ce blog a connu un très grand succès et à l'heure actuelle, son profil Instagram compte pas moins d'1.3 millions d'abonnés, rien que ça! Elle a également écrit un livre intitulé Body Positive Power, il y a deux ans et dont je parle plus haut. Et elle continue à régulièrement occuper l'espace médiatique britannique pour transmettre ce message d'acceptation de soi.
Ses derniers conseils:
"Au Diable les images flatteuses! Vous êtes belles et précieuses sous tous les angles, dans toutes les poses, avec toutes vos imperfections bien visibles!
La façon dont vos cuisses s'élargissent lorsque vous vous asseyez, la façon dont votre ventre fait des bourrelets lorsque vous vous penchez, la façon dont la peau de votre dos fait des plis lorsque vous vous tournez, ce sont des parties de vous qui sont naturelles et normales et il ne faut pas que vous passiez votre vie entière à les cacher.
Réjouissez-vous dans vos poignées d'amour, célébrez votre cellulite! Montrons au monde entier que nous sommes merveilleuses et dignes d'estime, quelle que soit notre silhouette!"
AMEN!!!
2. Lizzo, princesse de la pop U.S. et emblème du body positivisme
Je n'ai découvert cette incroyable chanteuse afro-américaine de 31 ans que très récemment. Elle n'est pas connue en France, malgré ses huit nominations aux derniers Grammy Awards aux Etats-Unis le mois dernier. Ce qui est fort dommage car elle véhicule un message très clair partout où elle passe: aimez votre corps, ayez foi en vos capacités et ne laissez personne vous traiter comme de la merde (ça, c'est dit!)
"Je n'ai pas besoin de couronne pour savoir que je suis une Reine" chante-t-elle dans l'une de ses chansons.
Je vous invite, chers lecteurs, à visionner sur Youtube l'un de ses derniers clips: Tempo. Cela vous donnera une idée de la personnalité de Lizzo. On la voit en bikini strassé et chapeau de cow-boy, accompagnée de danseuses aux formes plus que généreuses, mais aussi de la célébrissime Missy Elliott. Elle y scande, à grands renforts de langage (très) fleuri, l'amour de son corps: "I'm big-boned with nice curves; Look at me, I know I look good" ("Je suis bien charpentée avec de belles formes; Regarde-moi, je sais que je suis canon").
Lizzo, c'est le genre de femme indépendante, qui s'assume complètement et qui ne fait pas dans le politiquement correct du tout. Mais surtout, elle ne craint pas d'exposer son corps partout, notamment en février dernier en faisant la une du célèbre magazine américain Rolling Stone. Elle y affiche ses formes plus que voluptueuses, les plis de son dos, sa cellulite sans le moindre complexe.
Lizzo montre son corps, non pour attirer l'attention, mais pour le banaliser: "J'adore créer des formes avec mon corps et j'adore normaliser les fossettes de mes fesses, les bosses de mes cuisses, la graisse de mon dos ou mes vergetures. Je pense que c'est beau."
Mais si la chanteuse a fini par percer, c'est surtout en assumant enfin, et avec extravagance, son statut de femme noire et obèse dans une industrie musicale relativement normée. En effet, les chanteuses cataloguées dans la Pop Music aux Etats-Unis sont souvent blanches et minces, à l'instar de Taylor Swift, par exemple. Elle ne veut pas changer qui et ce qu'elle est pour correspondre à la vision de la beauté étriquée que véhicule la société moderne.
"Miroir, mon beau miroir, ne me dis pas que je suis mignonne parce que je le sais" dit-elle en intro d'une de ses chansons.
Elle a raison.
3. Dana FALSETTI, la "yogista" engagée
"J'ai appris que seul mon esprit avait des limites. Beaucoup de gens pensent que vous devez être fine, souple ou forte pour faire du yoga. S'il vous plaît, croyez-moi quand je vous dis que le yoga est pour TOUS LES CORPS"
J'ai découvert Dana Falsetti il y a environ trois ans, en feuilletant les pages du magazine américain Seventeen. Tout comme pour Jessamyn Stanley dont je parle dans mon premier article, j'ai bloqué sur la photo de cette jeune femme ronde en train d'exécuter la posture de l'arbre en legging rose moulant. J'étais interloquée car généralement, ce sont des femmes minces, souples et musclées que l'on voit dans les médias lorsqu'on parle de yoga. J'ai trouvé l'initiative de ce magazine (à savoir de mettre en valeur une femme ronde) absolument géniale et j'ai voulu en savoir plus sur cette femme...
Lorsqu'elle était encore à l'école, elle pesait 136 kilos et se sentait très mal dans sa peau. Pendant longtemps, les troubles alimentaires et la dépression ont été le quotidien de cet Américaine qui était persuadée que son surpoids était la cause de son malheur.
A 19-20 ans (elle en a 26 aujourd'hui), elle entame donc un régime et perd près de 45 kilos. Un nouveau corps, mais qui ne change rien à son estime d'elle-même.
"Je n'étais pas plus heureuse et je ne me sentais même pas mieux [...] j'en suis arrivée à un point où je me sentais un peu perdue et perplexe sur ce dont j'avais besoin. Alors je suis allée à un cours de yoga."
Et là, c'est le déclic.
Dana Falsetti. Je suis littéralement émerveillée par la photo ci-dessus. Je connais beaucoup de personnes minces qui ne pourraient jamais atteindre un tel niveau de souplesse, même avec de l'entraînement.
Dana est conquise par cette activité physique, s'y adonne complètement et se réconcilie avec son corps, grâce au mental que lui confère le yoga.
"Aujourd'hui, j'aime mon corps, ce qui est fou parce que j'ai littéralement passé toute ma vie à le détester!"
Depuis, Dana est devenue professeure de yoga et voyage à travers le monde entier pour donner des cours de yoga "body positive". Une belle revanche sur la vie. N'hésitez pas à suivre son compte Insta: Practicewithdana, qui compte environ 40 000 abonnés.
On considère souvent que le surpoids et l'obésité ne sont l'apanage que des personnes paresseuses, trop flemmardes pour bouger de leur canapé, et qui se goinfrent à longueur de journée. Or, ça ne se résume pas à ça, loin de là. Lizzo, mentionnée plus haut, poste régulièrement des vidéos de ses entraînements avec un coach sportif, Marcus Ely, sur son compte Instagram. Elle s'entraîne également lorsqu'elle est sur les routes lors de ses tournées, ce qui semble logique car faire le show sur scène jour après jour peut entraîner une grosse fatigue corporelle. Quant à Dana Falsetti, elle nous prouve qu'on peut faire de l'exercice physique et être d'une souplesse remarquable, même en étant grosse (n'ayons pas peur d'utiliser ce mot, n'est-ce pas!). Moi-même, je le suis, et pourtant, je cours régulièrement (deux à trois fois par semaine), j'adore faire des randonnées d'une vingtaine de kilomètres dans la nature, je fais des exercices de fitness chez moi, etc...
En conclusion, il faut arrêter de stigmatiser les personnes considérées en surpoids ou obèses comme étant des fainéants. Comme dirait Lizzo:
"On peut avoir une vie saine et être grosse. On peut être belle et être grosse. On peut être heureuse et être grosse. C'est possible."
A bientôt!